Guide sur les Syndromes associés aux ITS : Vaginite
Le présent guide fournit un aperçu de la prise en charge et du traitement empirique de la vaginite associée aux infections transmissibles sexuellement (ITS). La vaginite est l'inflammation vaginale caractérisée par des pertes, des démangeaisons ou une odeur. Bien que certains renseignements sur la vaginose bactérienne (VB) et la candidose vulvovaginale (CVV) soient inclus, ces infections ne sont habituellement pas considérées comme des ITS et leur prise en charge et traitement ne sont pas abordés dans ce guide.
Sur cette page :
- Importance en santé publique
- Étiologie courante associée aux ITS
- Manifestations cliniques
- Tests diagnostiques
- Traitement empirique et prise en charge
- Suivi
- Déclaration et notification aux partenaires
- Références
Importance en santé publique
En soins primaires, les pertes vaginales font partie des raisons les plus fréquentes de consultation gynécologique. La vaginose bactérienne (VB), la candidose vulvovaginale (CVV) et la trichomonase sont les causes infectieuses les plus courantes de pertes vaginales.
La trichomonase est une infection transmissible sexuellement (ITS). La trichomonase est associée à un risque accru d'acquisition et de transmission du VIHNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3. Pendant la grossesse, la trichomonase peut être associée à une rupture prématurée des membranes, un accouchement préterme et un faible poids à la naissanceNote de bas de page 4Note de bas de page 5.
La VB est la cause infectieuse la plus fréquente de pertes vaginales chez les personnes en âge de procréer. Elle est caractérisée par un surcroît de micro-organismes (p. ex. Gardenerella vaginalis, Prevotella, Mobiluncus spp.) et une diminution de la flore de lactobacilles dans les voies génitales. La VB n'est pas considérée comme une ITS. La VB est toutefois associée à un risque accru d'acquisition du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), du virus du papillome humain (VPH) et de l'infection à chlamydia (CT)Note de bas de page 6Note de bas de page 7.
La CVV n'est pas considérée comme une ITS. Près de 75 % des femmes présenteront au moins un épisode de CVV au cours de leur vie, et 5 à 10 % des femmes présenteront plus d'un épisode. Une colonisation persistante par Candida et une incidence accrue de CVV peuvent être observées chez les femmes atteintes du VIHNote de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11.
Étiologie courante associée aux ITS
La cause la plus fréquente de vaginite associée aux ITS est la trichomonase, causée par Trichomonas vaginalis, un protozoaire.
Les pertes vaginales sont parfois associées à la cervicite causée par Neisseiria gonorrhoeae (GC) ou Chlamydia trachomatis (CT). Consulter la section de ce guide portant sur la cervicite ou les guides sur les infections gonococciques et les infections à chlamydia et LGV, le cas échéant.
Manifestations cliniques
Symptômes et signes de la trichomonase comprennent :
- Pertes vaginales beiges ou jaunes, écumeuses, souvent abondantes;
- Érythème de la vulve et du col de l'utérus (col piqueté vasculaire rouge « col en fraise »);
- Démangeaisons;
- Dysurie.
Chez les femmes, 10 à 50 % des cas de trichomonase sont asymptomatiques.Note de bas de page 12
La plupart des hommes atteints de trichomonase sont asymptomatiques, mais certains peuvent présenter une urétrite légère.Note de bas de page 12
Tests diagnostiques
Tests recommandés pour la trichomonase :
- Effectuer un écouvillonnage vaginal ou cervical, ou obtenir un échantillon d'urine du premier jet pour un test d'amplification des acides nucléiques (TAAN) pour la détection de T. vaginalis.
- Le TAAN est le test le plus sensible et spécifique pour détecter T. vaginalis.Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15
- Consulter le laboratoire local pour connaître les tests disponibles pour la détection de T. vaginalis.
- Effectuer un prélèvement de sécrétions de la paroi vaginale pour une analyse microscopique au point de service (si disponible) pour une préparation à l'état frais, une coloration de Gram et recherche d'odeur d'amine (facultatif).
- Examiner pour protozoaire mobile flagellé, leucocytes polynucléaires (PN) et Trichomonas.
- Les « clue cells* », levures bourgeonnantes, filaments pseudomycéliens, leucocytes polynucléaires, diplocoques intracellulaires Gram négatif et la diminution de la fore normale de lactobacilles peuvent être utiles pour le diagnostic différentiel de CVV, VB ou GC.
- Un résultat positif à la recherche d'odeur d'amine est indicatif de VB.
- Mesurer le pH vaginal avec un papier pH à intervalle étroit.
- Un résultat > 4,5 est indicatif de trichomonase ou de VB.
- Effectuer un écouvillonnage endocervical pour un test d'amplification des acides nucléiques (TAAN) pour détecter CT et GC, et un écouvillonnage en vue d'une mise en culture pour détecter GC (si disponible).
- Les échantillons obtenus par écouvillonnage vaginal ou les échantillons d'urine du premier jet sont également appropriés pour le TAAN.
- Il n'est pas recommandé de procéder à un écouvillonnage vaginal pour une mise en culture visant à détecter GCNote de bas de page 16.
Les infections vaginales peuvent provoquer des signes et des symptômes semblables à ceux de la cervicite. Si une cervicite est suspectée, consulter la section de ce guide portant sur la cervicite.
* Les « clue cells » sont des cellules épithéliales recouvertes de coccobacilles.
Traitement empirique et prise en charge
La décision de traiter de façon empirique ou d'attendre les résultats des tests doit être fondée sur :
- La gravité de l'état clinique;
- La probabilité qu'une infection soit présente;
- Les facteurs de risque d'infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) décelés chez la personne;
- La disposition de la personne à s'abstenir de toute activité sexuelle et à revenir pour obtenir les résultats des tests ou faire l'objet d'un suivi.
Traitement empirique pour la trichomonase | |
---|---|
Personnes non-enceintes | Métronidazole 2 g PO en dose unique [A-l] Remarques :
|
Personnes enceintes | Métronidazole 2 g PO en dose unique, pour soulager les symptômes [A-l]. Remarques :
|
Traiter les partenaires sexuels actuels avec le même traitement empirique que le cas index.
Suivi
Aucun suivi n'est nécessaire pour la trichomonase, à moins de symptômes persistants ou récurrents (généralement en raison d'une réinfection).
Pour les cas suspectés ou confirmés gonorrhée ou chlamydia et LGV, consulter les guides propres à l'étiologie pour connaitre les recommandations pour le traitement, le suivi et le test de contrôle.
Déclaration et notification aux partenaires
La trichomonase est une infection à déclaration obligatoire dans certaines provinces et certains territoires. Consulter l'autorité de santé publique locale pour connaître les exigences de déclaration pour la trichomonase.
Si un traitement pour d'autres ITS est indiqué, il convient de notifier, d'évaluer, de dépister et de traiter (le cas échéant) les partenaires sexuels. Consulter les guides propres à l'étiologie pour connaître les recommandations sur la déclaration obligatoire et la notification aux partenaires.
Références
- Note de bas de page 1
-
Schwebke JR. Update of trichomoniasis. Sex Transm Infect 2002 Oct;78(5):378-379.
- Note de bas de page 2
-
Sorvillo F, Smith L, Kerndt P, Ash L. Trichomonas vaginalis, HIV, and African-Americans. Emerg Infect Dis 2001 2001;7(6):927-932
- Note de bas de page 3
-
Fleming DT, Wasserheit JN. From epidemiological synergy to public health policy and practice: the contribution of other sexually transmitted diseases to sexual transmission of HIV infection. Sex Transm Infect 1999 Feb;75(1):3-17.
- Note de bas de page 4
-
Kigozi GG, Brahmbhatt H, Wabwire-Mangen F, Wawer MJ, Serwadda D, Sewankambo N, et al. Treatment of Trichomonas in pregnancy and adverse outcomes of pregnancy: a subanalysis of a randomized trial in Rakai, Uganda. Am J Obstet Gynecol 2003;189(5):1398-1400.
- Note de bas de page 5
-
Gülmezoglu AM. Interventions for trichomoniasis in pregnancy. Cochrane Database of Syst Rev 2002(3).
- Note de bas de page 6
-
Bautista CT, Wurapa E, Sateren WB, Morris S, Hollingsworth B, Sanchez JL. Bacterial vaginosis: a synthesis of the literature on etiology, prevalence, risk factors, and relationship with chlamydia and gonorrhea infections. Mil Med Res 2016;3(1):4.
- Note de bas de page 7
-
Atashili J, Poole C, Ndumbe PM, Adimora AA, Smith JS. Bacterial vaginosis and HIV acquisition: a meta-analysis of published studies. AIDS 2008 Jul 31;22(12):1493-1501.
- Note de bas de page 8
-
McClelland RS, Lavreys L, Katingima C, Overbaugh J, Chohan V, Mandaliya K, et al. Contribution of HIV-1 infection to acquisition of sexually transmitted disease: a 10-year prospective study. J Infect Dis 2005;191(3):333-338.
- Note de bas de page 9
-
Duerr A, Heilig CM, Meikle SF, Cu-Uvin S, Klein RS, Rompalo A, et al. Incident and persistent vulvovaginal candidiasis among human immunodeficiency virus-infected women: Risk factors and severity. Obstet Gynecol 2003;101(3):548-556.
- Note de bas de page 10
-
Ohmit SE, Sobel JD, Schuman P, Duerr A, Mayer K, Rompalo A, et al. Longitudinal study of mucosal Candida species colonization and candidiasis among human immunodeficiency virus (HIV)-seropositive and at-risk HIV-seronegative women. J Infect Dis 2003;188(1):118-127.
- Note de bas de page 11
-
Schuman P, Sobel JD, Ohmit SE, Mayer KH, Carpenter CC, Rompalo A, et al. Mucosal candidal colonization and candidiasis in women with or at risk for human immunodeficiency virus infection. HIV Epidemiology Research Study (HERS) Group. Clin Infect Dis. 1998;27(5):1161-1167.
- Note de bas de page 12
-
Sherrard J. How to diagnose and manage Trichomonas vaginalis. The Pharmaceutical Journal, PJ, October 2017, Vol 299, No 7906;299(7906):DOI:10.1211/PJ.2017.20203485.
- Note de bas de page 13
-
Meites E., Gaydos C.A., Hobbs M.M., Kissinger P., Nyirjesy P., Schwebke J.R., et al. A Review of Evidence-Based Care of Symptomatic Trichomoniasis and Asymptomatic Trichomonas vaginalis Infections. Clin Infect Dis 2015;61(Suppl):S837-S848.
- Note de bas de page 14
-
Van Der Pol B, Williams J, Taylor S, et al. Detection of Trichomonas vaginalis DNA by use of self-obtained vaginal swabs with the BD ProbeTec Qx assay on the BD Viper system. J Clin Microbiol 2014;52(3):885-889.
- Note de bas de page 15
-
Schwebke J, Hobbs M, Taylor S, et a. Molecular testing for Trichomonas vaginalis in women: results from a prospective U.S. clinical trial. J Clin Microbiol 2011;49(12):4106-4111.
- Note de bas de page 16
-
Elias J, Frosch M, Vogel U. Neisseria. In: Jorgensen J, Pfaller M, Carroll K, Funke G, Landry M, Richter S, et al, editors. Manual of clinical microbiology. 11th ed. Washington, DC: ASM Press; 2015. p. 635-651.
- Note de bas de page 17
-
Forna F, Gülmezoglu AM. Interventions for treating trichomoniasis in women. Cochrane Database of Syst Rev. 2003(2).
- Note de bas de page 18
-
Schmid G, Narcisi E, Mosure D, Secor WE, Higgins J, Moreno H. Prevalence of metronidazole-resistant Trichomonas vaginalis in a gynecology clinic. J Reprod Med 2001 Jun;46(6):545-549.
- Note de bas de page 19
-
Klebanoff MA, Carey JC, Hauth JC, Hillier SL, Nugent RP, Thom EA, et al. Failure of metronidazole to prevent preterm delivery among pregnant women with asymptomatic Trichomonas vaginalis infection. N Engl J Med 2001;345(7):487-493.
Détails de la page
- Date de modification :