Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Virus de la vaccine
FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES
SECTION I - AGENT INFECTIEUX
NOM : Virus de la vaccine
SYNONYME OU RENVOI : Poxvirus, vaccin contre la variole, VV, VACV
CARACTÉRISTIQUES : Le virus de la vaccine est un virus à ADN bicaténaire, linéaire qui appartient à la famille des Poxviridae Note de bas de page 1 Note de bas de page 2. Il mesure habituellement 320‑380 nm par 260‑340 nm Note de bas de page 3.
SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE
PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Le VV n'exerce pas normalement d'effets graves sur la santé des humains, mais il peut causer une maladie de la peau lorsqu'on l'utilise pour immuniser un sujet contre la variole Note de bas de page 1. Le virus de la vaccine est habituellement injecté dans le derme, une lésion localisée alors apparaît (« prise »), des croûtes se forment et la lésion guérit en l'espace de 10 à 14 jours environ Note de bas de page 4. La vaccination s'accompagne d'une fièvre, d'une éruption cutanée, d'une adénopathie, d'une fatigue, d'une myalgie et de maux de tête chez certains patients Note de bas de page 4 Note de bas de page 5. Une infection accidentelle par le virus peut survenir à la suite du contact de la lésion vaccinale avec une autre lésion cutanée (inoculation accidentelle) Note de bas de page 6. Certaines complications se manifestent parfois après la vaccination, notamment : vaccine oculaire, myopéricardite, eczéma vaccinal (éruption papulaire, vésiculaire et pustulaire très infectieuse, 38 cas pour un million de doses), vaccine progressive (nécrose progressive au point de vaccination, 3 cas pour un million de doses), maladie du SNC post‑vaccinale (mal de tête, léthargie, convulsions et coma, 12 cas pour un million de doses), malformations fœtales et avortement (très rare) Note de bas de page 5 Note de bas de page 7 Note de bas de page 8. Les complications sont plus graves chez les sujets immunodéprimés, et le vaccin antivariolique est habituellement associé à un taux de mortalité de un pour un million de doses Note de bas de page 5 Note de bas de page 6. Le vaccin est contre‑indiqué chez les personnes immunodéprimées, celles qui souffrent de certaines maladies de la peau (p. ex. eczéma) et maladies cardiaques, ainsi que les femmes enceintes Note de bas de page 9.
ÉPIDÉMIOLOGIE : La vaccination systématique n'est pas recommandée vu que la variole est éradiquée depuis 1980 Note de bas de page 5 Note de bas de page 10. Le personnel sanitaire, militaire et de laboratoire américain qui travaille avec le vaccin ou d'autres virus orthopox reçoit toujours le vaccin Note de bas de page 5.
GAMME D'HÔTES : Plusieurs mammifères, dont les humains, les lapins, les vaches et les buffles de rivière, sont porteurs du virus Note de bas de page 6 Note de bas de page 11.
DOSE INFECTIEUSE : Inconnue. Le titre du vaccin est habituellement de 108 unités formant plages par ml Note de bas de page 12.
MODE DE TRANSMISSION : Le virus peut se propager par contact entre une personne récemment vaccinée et une personne non vaccinée Note de bas de page 10. Un contact entre la lésion au point d'inoculation du virus de la vaccine et une plaie ou une lésion cutanée constitue le principal mode de transmission interhumaine, bien qu'on ait montré que la transmission des humains aux bovins et des bovins aux humains est possible habituellement à la suite d'un contact avec les pis d'une vache Note de bas de page 10 Note de bas de page 13.
PÉRIODE D'INCUBATION : Comme il s'agit d'un agent immunisant, il n'y a pas de période d'incubation; la personne devient immune 7 à 14 jours habituellement après la vaccination Note de bas de page 7.
TRANSMISSIBILITÉ : La transmission interhumaine du virus de la vaccine s'effectue par contact direct Note de bas de page 10 Note de bas de page 11. Il a été démontré que le virus pouvait se transmettre d'une personne vaccinée à un bovin et de bovins aux humains, particulièrement à la suite d'un contact avec les pis d'une vache Note de bas de page 10 Note de bas de page 13.
SECTION III - DISSÉMINATION
RÉSERVOIR : Humains vaccinés.
ZOONOSE : Transmission possible, par contact avec une lésion cutanée, des bovins aux humains et vice versa Note de bas de page 13.
VECTEURS : Aucun.
SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ
SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Inconnue.
SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Sensibilité à l'hypochlorite de sodium à 0,02 %, à l'isopropanol à 30 %, à l'éthanol à 40 %, au glutaraldéhyde à 0,02 %, au chlorure de benzalkonium à 0,01 %, à l'iode à 0,0075 %, à Sanytex à 30 % et à l'orthophénylphénol à 0,12 % Note de bas de page 14 Note de bas de page 15. Le virus est toutefois résistant à des associations de solvants/détergents (TNBP/Triton X‑100 et TNBP/Tween 80), et des périodes d'incubation plus longues (entre 10 minutes et 24 h selon le solvant/détergent utilisé) sont requises pour inactiver le virus Note de bas de page 16.
INACTIVATION PHYSIQUE : Le virus est inactivé par la chaleur sèche à 95 ºC pendant 2 heures Note de bas de page 17. La fraction thermosensible du virus est inactivée par la chaleur humide à 60 ºC alors que la fraction thermorésistante peut devoir être soumise à des températures plus élevées pour être complètement inactivée Note de bas de page 18. Sous sa forme aérosolisée, le virus est également sensible aux rayons UV (254 nm) Note de bas de page 19.
SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Le virus séché peut survivre jusqu'à 39 semaines à un degré d'humidité de 6,7 % et à une température de 4 ºC Note de bas de page 20.
SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX
SURVEILLANCE : Surveiller l'apparition de symptômes et confirmer par la PCR, la microscopie électronique et l'examen histologique Note de bas de page 7 Note de bas de page 10.
Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement disponibles dans tous les pays.
PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : L'immunoglobuline contre la vaccine et le cidofovir peuvent être utilisés pour traiter des complications plus graves comme l'eczéma vaccinal et la vaccine progressive Note de bas de page 5. Des soins de soutien devraient être administrés aux patients souffrant d'une maladie du SNC post‑vaccinale Note de bas de page 5.
IMMUNISATION : Le vaccin antivariolique est recommandé pour le personnel de laboratoire qui travaille avec le virus de la vaccine (vaccin antivariolique ainsi que tissus, matériel ou animaux susceptibles d'être infectés) ou d'autres orthopoxvirus, car le virus peut être propagé à des personnes non vaccinées qui risquent de développer des complicationsNote de bas de page 24.
PROPHYLAXIE : Aucune.
SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE
INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Entre 1986 et 2005, 9 infections contractées en laboratoire ont été signalées Note de bas de page 2.
SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Liquides ou croûtes des lésions, sécrétions respiratoires et tissus infectés contenant le virus Note de bas de page 21.
DANGERS PRIMAIRES : L'ingestion, l'inoculation parentérale, l'exposition muqueuse à des gouttelettes ou à des aérosols et l'exposition d'une lésion cutanée constituent les principaux dangers lorsqu'on travaille avec cet agent Note de bas de page 21.
DANGERS PARTICULIERS : Certains poxvirus sont stables à la température ambiante lorsqu'ils sont secs Note de bas de page 21.
SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE
CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2Note de bas de page 22.
EXIGENCES DE CONFINEMENT : Des installations, de l'équipement et des pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 sont recommandés lorsqu'on travaille avec le vaccinNote de bas de page 21 Note de bas de page 23. Le matériel viable devrait être manipulé dans une enceinte de sécurité biologiqueNote de bas de page 21.
VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure Note de bas de page 23.
AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelleNote de bas de page 23. Le personnel de laboratoire qui travaille avec l'agent devrait songer à mettre à jour sa vaccinationNote de bas de page 24.
SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE
DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.
ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer qui contiennent l'agent infectieux ou sont venues en contact avec celui‑ci par autoclavage, désinfection chimique, irradiation gamma ou incinération.
ENTREPOSAGE : L'agent infectieux devrait être conservé dans des contenants étanches qui sont étiquetés de façon appropriée.
SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES
INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011
PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.
Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.
Tous droits réservés
© Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada
RÉFÉRENCES :
- Notes de bas de page 1
-
Retour à la référence de la note de bas de page1 Référent
Brock, T. D., Madigan, M. T., Martinko, J. M., & Parker, J. (2000). Biology of Microorganisms (9th ed.). New Jersey, USA : Prentice-Hall, Inc.
- Notes de bas de page 2
-
Retour à la référence de la note de bas de page2 Référent
Fleming D & Hunt D (Ed.). (2006). Biological Safety Principles and Practices (4th ed.). Washington : ASM Press.
- Notes de bas de page 3
-
Retour à la référence de la note de bas de page3 Référent
Malkin, A. J., McPherson, A., & Gershon, P. D. (2003). Structure of intracellular mature vaccinia virus visualized by in situ atomic force microscopy. Journal of Virology, 77(11), 6332-6340.
- Notes de bas de page 4
-
Retour à la référence de la note de bas de page4 Référent
Ryan, K. J., & Ray, C. G. (Eds.). (2004.). Sherris Medical Microbiology : An Introduction to Infectious Disease. (Fourth Edition. ed.). New York. : McGraw-Hill.
- Notes de bas de page 5
-
Retour à la référence de la note de bas de page5 Référent
Bronze, M.S., and Greenfield, R.A (Ed.). (2005). Biodefence Principles and Pathogens horizon bioscience.
- Notes de bas de page 6
-
Retour à la référence de la note de bas de page6 Référent
Knipe, D. M., & Howley, P. M. (Eds.). (2001). Fields Virology (4th ed.). Philidelphia : Lippincot Williams & Wilkins.
- Notes de bas de page 7
-
Retour à la référence de la note de bas de page7 Référent
Krauss, H., Weber, A., Appel, M., Enders, B., Isenberg, H. D., Schiefer, H. G., Slenczka, W., von Graevenitz, A., & Zahner, H. (Eds.). (2003). Zoonoses Infectious Diseases Transmissible from Animals to Humans (3rd ed.). Washington : ASM press.
- Notes de bas de page 8
-
Retour à la référence de la note de bas de page8 Référent
Bray, M. (2003). Pathogenesis and potential antiviral therapy of complications of smallpox vaccination. Antiviral Research, 58(2), 101-114.
- Notes de bas de page 9
-
Retour à la référence de la note de bas de page9 Référent
Handley, L., Buller, R. M., Frey, S. E., Bellone, C., & Parker, S. (2009). The new ACAM2000 vaccine and other therapies to control orthopoxvirus outbreaks and bioterror attacks. Expert Review of Vaccines, 8(7), 841-850. doi : 10.1586/erv.09.55
- Notes de bas de page 10
-
Retour à la référence de la note de bas de page10 Référent
Silva, D. C., Moreira-Silva, E. A., Gomes Jde, A., Fonseca, F. G., & Correa-Oliveira, R. (2010). Clinical signs, diagnosis, and case reports of Vaccinia virus infections. The Brazilian Journal of Infectious Diseases : An Official Publication of the Brazilian Society of Infectious Diseases, 14(2), 129-134.
- Notes de bas de page 11
-
Retour à la référence de la note de bas de page11 Référent
Fleming, D. O., Richardson, J. H., Tulis, J. J., & Vesley, D. (Eds.). (1995). Laboratory Safety Principles and Practices (2nd ed.). Washington : American Society for Microbiology.
- Notes de bas de page 12
-
Retour à la référence de la note de bas de page12 Référent
Belongia, E. A., & Naleway, A. L. (2003). Smallpox vaccine : the good, the bad, and the ugly. Clinical Medicine & Research, 1(2), 87-92.
- Notes de bas de page 13
-
Retour à la référence de la note de bas de page13 Référent
Murray, P. R., Baron, E. J., Jorgensen, J. H., Landry, M. L., & Pfaller, M. A. (Eds.). (2007). Manual of Clinical Microbiology (9th ed.). Washington : ASM Press.
- Notes de bas de page 14
-
Retour à la référence de la note de bas de page14 Référent
Block, S. S. (Ed.). (2001). Disinfection, Sterilization, and Preservation (5th ed.). Philidelphia : Lippincott Williams & Wilkins.
- Notes de bas de page 15
-
Retour à la référence de la note de bas de page15 Référent
Ferrier, A., Garin, D., & Crance, J. M. (2004). Rapid inactivation of vaccinia virus in suspension and dried on surfaces. The Journal of Hospital Infection, 57(1), 73-79. doi : 10.1016/j.jhin.2004.01.012
- Notes de bas de page 16
-
Retour à la référence de la note de bas de page16 Référent
Roberts, P. (2000). Resistance of vaccinia virus to inactivation by solvent/detergent treatment of blood products. Biologicals : Journal of the International Association of Biological Standardization, 28(1), 29-32. doi : 10.1006/biol.1999.0236
- Notes de bas de page 17
-
Retour à la référence de la note de bas de page17 Référent
Sauerbrei, A., & Wutzler, P. (2009). Testing thermal resistance of viruses. Archives of Virology, 154(1), 115-119. doi : 10.1007/s00705-008-0264-x
- Notes de bas de page 18
-
Retour à la référence de la note de bas de page18 Référent
KAPLAN, C. (1958). The heat inactivation of vaccinia virus. Journal of General Microbiology, 18(1), 58-63.
- Notes de bas de page 19
-
Retour à la référence de la note de bas de page19 Référent
McDevitt, J. J., Milton, D. K., Rudnick, S. N., & First, M. W. (2008). Inactivation of poxviruses by upper-room UVC light in a simulated hospital room environment. PloS One, 3(9), e3186. doi : 10.1371/journal.pone.0003186
- Notes de bas de page 20
-
Retour à la référence de la note de bas de page20 Référent
Sparkes, J. D., & Fenje, P. (1972). The effect of residual moisture in lyophilized smallpox vaccine on its stability at different temperatures. Bulletin of the World Health Organization, 46(6), 729-734.
- Notes de bas de page 21
-
Retour à la référence de la note de bas de page21 Référent
Richmond, J. Y., & McKinney, R. W. (Eds.). (1999). Biosafety in Microbiological and Biomedical Laboratories (4th ed.). Washington : CDC-NIH.
- Notes de bas de page 22
-
Retour à la référence de la note de bas de page22 Référent
Human Pathogens and Toxins Act. S.C. 2009, c. 24. Government of Canada, Second Session, Fortieth Parliament, 57-58 Elizabeth II, 2009, (2009).
- Notes de bas de page 23
-
Retour à la référence de la note de bas de page23 Référent
Agence de la santé publique du Canada. (2004). Best M., Graham M. L., Leitner R., Ouellette M. and Ugwu K. (Eds.), Lignes directrices en matière de biosécurité en laboratoire (3rd ed.). Canada.
- Notes de bas de page 24
-
Retour à la référence de la note de bas de page24 Référent
Agence de la santé publique du Canada. (2018). Guide canadien d'immunisation - Partie 4: Agents d'immunisation active. Canada. Disponible au site suivant : https://www.ca-ciconline.com/fr/sante-publique/services/publications/vie-saine/guide-canadien-immunisation-partie-4-agents-immunisation-active.html
Détails de la page
- Date de modification :